Histoire d'une fille en or


Aujourd'hui je vais vous présenter non seulement une nouvelle personnalité de mon "monde" mais aussi une amie chère à mon coeur. Vous pouvez remarquer qu'il y à pas mal de texte, mais je ne pouvais pas réduire le récit de cette expérience, ni mettre à mal les mots de Clémence. 

Bonne et belle lecture ...


 Petite chorale franco-khmer improvisée une après midi


1) Clémence, tu es infirmière à Strasbourg depuis 4 ans, tu peux nous expliquer dans quel service tu travailles et ce que tu y fais.

Et oui ! Cela fait bientôt 4 ans que je travaille. Je suis infirmière en réanimation médicale au nouvel Hôpital Civil de Strasbourg, service où les patients ont des défaillances multivisérales et sont la plupart du temps intubés, sédatés (en coma artificiel) et sous assistance respiratoire. C'est un service où l'on alterne soins techniques, gestion des différentes machines, urgences vitales, réveils, soins divers des patients et accueil et accompagnement des familles.
Je me rend compte qu'il m'est très difficile d'expliquer mon travail au quotidien, mais ce que je peux vous dire c'est que c'est un service qui me plaît, dans lequel l'esprit et le travail d'équipe est très important et que je m'y sens bien.

2) En Décembre dernier tu es partie en mission humanitaire au Cambodge,qu'est-ce qui t'a motivé dans ce projet ?

J'adore voyager, découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures et de nouvelles populations.
Les voyages me nourrissent ils m'apportent énormément et j'ai eu la chance les derniers années de réaliser un certain nombre de "grands voyages" ( Réunion, Guyane, Jordanie...).
A l'école d'infirmière, un projet de mission humanitaire s'était monté au sein de mon groupe, pour des raisons personnelles et logistiques disons, je n'ai pas pu partir. Mais cette idée m'a toujours trotté dans la tête..
Au début de l'année dernière, cette envie est revenue comme une évidence : "Clémence tu aimes ton travail, tu veux voyager, pourquoi ne pas réessayer ? "
Après 4 ans d'expérience en tant qu'infirmière je me suis dis qu'en plus je pourrai éventuellement apporter quelque chose, donner un peu de moi dans un univers qui m'était inconnu, je me suis donc lancée à nouveau dans les recherches de voyage humanitaire.



Bureau d'écolier transformé en infirmerie

3) Comment as-tu trouvé l'organisme avec lequel tu es partie ? 

En commençant mes recherches, je me suis rendue compte que faire un « petit » séjour humanitaire était complexe, je ne voulais pas quitter mon travail, donc pas être embauchée dans une grande ONG , je souhaitais réellement vivre une courte expérience dans ce milieu qu'est celui de l'humanitaire.

En navigant sur internet, je suis tombée sur une association «Mission Humanitaire » qui proposait des missions d'une quinzaine de jours dans différents pays (Bénin, Madagascar, Inde, Tibet et Cambodge).
Après avoir demandé des renseignements, j'ai du envoyé un CV ainsi qu'une lettre de motivation, puis j'ai reçu un questionnaire à remplir avec différentes questions concernant ma personnalité, ma place au sein d'un groupe, ma vie en communauté, ma tolérance au stress et face à une situation difficile (qui a été analysé par un psychologue) ainsi qu'une invitation pour participer à un séminaire d'un week end organisé par l'association.

Au séminaire, le week end du 1 er et 2 juin 2013, j'étais toute excitée, au milieu d'un groupe d'une cinquantaine de personnes d'âges, de professions et de milieux différents, j'ai découvert quels étaient les projets des missions. Enfin du concret, des vidéos, des témoignages et des réponses à mes questions..

Les Missions de MH (Missions humanitaires) sont entièrement bénévoles et les frais de mission sont à la charge de chaque bénévole, tout (repas, transport, hébergement, collation..) est pris en compte dans les charges et organisé par l'association. Les missions n'étaient pas toutes purement médicales, et il n'est pas nécessaire de faire partie des professionnels de santé pour y participer.

Viens le moment de l'entretien, pour valider ou non mon accès à l'inscription à une mission. J'avais l'impression de passer un oral (autant vous dire de mauvais souvenirs), n'ayant jamais eu besoin de passer d'entretien d'embauche, j'ai pas l'habitude de me vendre.
Envie de dire : «  Prenez moi j'y arriverai », « Je suis timide quand je connais pas, mais j'aime les gens », « Allez j'ai fais des colos je connais la vie en collectivité » ou encore  «  Je travaille à l'hosto, bien sur que je suis tolérante » Finalement je pense que ça s'est plutôt bien passé, puisqu'à la fin du week end j'ai appris que j'étais prise.
J'ai couru au bureau des inscriptions pour mettre mon petit nom sur la liste Cambodge du 26 novembre au 12 décembre 2013... Le compte a rebours a commencé.

4) Une fois sur place t'attendais-tu a vivre cela ? Et qu'est-ce que cela t'a apporté au niveau professionnel et personnel ?

Je pense que c'est le plus grand stress que j'avais, ne pas savoir à quoi m'attendre, alors pour me préparer, je me suis attendu à voir le pire.. La veille de mon départ, je n'ai pas dormi de la nuit (Clémence dans quoi tu t'es lancé, tu vas partir toute seule comme ça..) J'étais stressée, mais c'était du bon stress, celui de l'excitation, j'avais hâte d’être sur place de voir enfin quel était ma réelle mission.

La première chose que j'ai découvert, c'est mon groupe, ma timidité l'a un peu emporté au début, ce n'était pas la Clémence du travail (qui encore aujourd'hui a chanté des Disney tout l’Après midi au service), j'étais impressionné et je me suis rapidement rendu compte que j'étais la plus jeune, mais jour après jour j'étais de plus en plus à l'aise et avec un groupe comme le mien, tout ne pouvait que bien se passer; Je les remercie encore d'ailleurs !


Pharmacie et Petits rafraîchissements gentillement offerts par les villageois

Au niveau des missions, notre groupe de 15 travaillions avec un chef de mission, des traducteurs et des médecins cambodgiens. Notre équipe se rendait donc en mini bus tous les jours dans un village différent pour y faire des visites médicales .
Nous étions répartis à différents postes :
L'accueil : prise en tensions, de pouls, de température, taille et poids qu'on inscrivait à l'aide d'un traducteur sur un dossier médical
La consultation : où l'on assistait les médecins lorsqu’ils voyaient les patients
La pharmacie (digne de celle de l’hôpital): où l'on distribuait les médicaments aux patients
L'infirmerie: où les trois infirmières se relayaient pour faire les soins
L'animation des enfants: coloriage, ballon, chant, jeux divers, éducations diverses (la récré du bénévole)
Chaque jour nous changions de poste.

Ce qui m'a le plus marqué au quotidien et ce durant toute la mission, ce sont la gentillesse, la patience et la reconnaissance des Cambodgiens.
Certains attendaient des heures en plein soleil pour venir consulter et quand ils arrivaient à l'accueil, ils avaient un sourire jusqu'aux oreilles. Imaginez juste un instant cela en France, quand 30 min d'attente chez le médecin nous met en colère. Des fois nous voyons des familles arriver, aucun n'avait de chaussure, les habits étaient troués, les enfants étaient sales et ils souriaient tous...
On avait récolté avant de partir (en plus des médicaments et du matériel pour les soins) des peluches, des jouets, des crayons, des habits, du savon, des lunettes et des brosses dents.
Voir une mère nous remercier les yeux brillants, parce que l'on donne des habits neufs et propres à son enfant, ça n'a pas de prix.

Au niveau purement infirmier, je ne savais pas trop non plus à quoi m'attendre, pas de gros soins, beaucoup de plaies (plus ou moins grosse), des collyres, des soins de nez pour les bébés, des enfants qui avaient la gale..
Là aussi, j'ai été très surprise de leur tolérance à la douleur, mise à part les bébés, les enfants ne pleuraient pas, les adultes ne bougeaient même pas malgré des plaies qui a vue d'oeil devaient être très douloureuses .
Ce travail est facilement entré dans mon quotidien. Une prise de tension, l'écriture d'une prescription, un soin de plaie, la préparation des médicaments, rien à dire j'étais dans mon milieu... A non j'oubliais les enfants, à la base, je n'ai pas du tout l'habitude de m'occuper d'enfants, alors quand en plus nous avons la barrière de la langue (les traducteurs n'étant pas toujours disponible ), cela devient encore plus compliqué.
Mais je me suis surprise à apprécier, dessiner avec certains, jouer au volley avec d'autres, apprendre des chansons, faire des chaises musicales, j'ai fais un jour une tomate (le jeu du ballon) la plus grosse de ma vie, nous devions être 50 et nous nous laissions apprendre d'autres jeux venant des enfants.Nous faisions également des séances d'éducations au brossages de dents et au lavage de mains avec les enfants, animer ce genre d'atelier, vaut aussi le détour, le rire est universel !

Éducation collective de brossage de dents: Adultes, enfants, traducteurs, bénévoles, tous le monde s'y met!

En deux semaines de séjours que ce soit les médecins, les traducteurs ou tous les patients que l'on a vu (150 environ par jour) je n'en ai vu aucun râler ou être énervé, et je pense que ça c'est une très belle leçon de vie.

Qu'est ce que tout cela m'a apporté ? Pff comment l'expliquer, c'était tout simplement un concentré de bonheur, j'ai vécu de merveilleux moments que j'ai pu partager avec les bénévoles, les traducteurs et les médecins : tous de très belles personnes..
Mes journées étaient rythmés par la découverte chaque jour dans le bus d'un nouveau bénévole, une journée de « travail » qui passait à la vitesse de la lumière, des repas (parlons en quand même) chaque jour meilleurs avec des découvertes culinaires de foufous par moment, des sourires, des chansons dans le bus et toujours et encore des rires.
Je suis toujours la même Clémence je pense avec un petit truc en plus, un petit quelque chose qui peut être me fait relativiser autant au travail que dans ma vie personnelle. Je ne dirai pas que rien n'est grave, mais il y a toujours pire..

5) Peux-tu nous raconter ton plus beau souvenir durant ton séjour ?

Mon plus beau souvenir... Je faisais un soin au pied d'un vieux monsieur (c'est affectif pour moi) qui était accompagné de sa petite fille. Quand ils sont partis, je me suis rendue compte qu'il n'avait pas de chaussures, je me suis souvenue qu'une collègue (qui se reconnaîtra) m'avait donné des tongs en plastiques, je les ai rattrapé avec cette paire de tong, et les ai donné au vieux monsieur. Son visage s'est illuminé, et sa petite fille a cherché un traducteur pour lui demander de me dire qu'ils me souhaitaient une longue vie heureuse et en bonne santé et qu'ils me remerciaient pour tout. Après les avoir remercier, je suis retournée un peu bouleversée à l'infirmerie et là je vois une copine bénévole (qui se reconnaîtra aussi) avec les larmes aux yeux qui m'a dit : « Clémence tu iras au paradis », je me suis prise une double bouffée de chaleur, rien qu'avec des mots et des regards … pour une paire de tong en plastiques offertes dans un hôtel !


Bureau de consultation des médecins installés dans la pagode d'un village 

6) Cela t'a donné envie de repartir? Ou ça et pourquoi?

Cette expérience fut juste merveilleuse et extraordinaire, cependant pour le moment, je n'ai pas prévu de repartir, mais uniquement pour le moment, et je pense que c'est une question de budget et du fait de souhaiter également  prendre de vraies vacances (celles ou ont peut faire les marchés pendant des heures, se promener dans les villages, visiter et manger où et quand on veut)
Si je repars je pense que j'irai découvrir l’Afrique et ça serait soit avec MH (que je conseille fortement), soit en tant que salarié dans une grande ONG qui sait ? 

7) Qu'est-ce que tu pourrais donner comme conseils à quelqu'un qui souhaiterait partir en mission humanitaire?

D'y aller 


C'est l'heure du médicament pour le petit bout
Pour avoir des renseignements sur les missions et le fonctionnement de cet organisme un seul clic :http://www.mission-humanitaire.fr/




Commentaires

  1. Clémence , je suis heureuse et fière de t'avoir comme fille ! Ta maman

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