Ma semaine au Mondial de l'improvisation




Dernière photo au sortir de la finale, avec toutes les équipes

Pour ceux qui ne me connaissent pas, du moins qui ne connaisse pas les nombreux pans de ma vie, je pratique l'improvisation théâtrale depuis 10 ans cette année. C'est une partie de ma vie qui compte beaucoup pour moi, elle me maintient en énergie, me permet de m'exprimer et de me libérer, de ressentir la pression, le lâcher prise et l'adrénaline nécessaire à ma survie.
J'ai déjà effectué de nombreux spectacles avec des challenges plus ou moins importants mais rien, rien d'aussi comparable au 22ème MONDIAL D'IMPROVISATION auquel j'ai assisté du 09 au 19 octobre à Genève.
Avant de vous parler de cette expérience il faut passer par la partie un peu "sérieuse" du truc, l'histoire, mais rassurez-vous c'est assez court :





"Lancé en 1991, le Mondial d’Improvisation est l’oeuvre de 4 associations : la Fédération Belge d’Improvisation Amateur (FBIA), la Ligue d’Improvisation Montréalaise (LIM), la Lolita (Strasbourg) et la Fédération d’Improvisation Genevoise (F!G). En 2002, à l’invitation de Genève, les Italiens de la troupe «Improvisazione Teatrale», rejoignent le Mondial. Puis en 2013 la LIM se retire du Mondial, elle est remplacée par la CIA (Coalition des Improvisateurs Anonymes) comme ligue québécoise. La CIA remportera d’ailleurs le trophée lors de sa première participation en 2013.
Le format Mondial est une adaptation de la formule du match d’improvisation tel que Robert Gravel et Yvon Leduc l’avait imaginé en 1977 au Québec. Deux équipes se rencontrent, improvisent ensemble sur des thèmes proposés par le Maitre de Jeu et doivent également se soumettre à des contraintes (temps, nombre de joueurs, styles etc.). Chaque Improvisation est soumise au vote du public. Le Maitre du Jeu propose des défis incroyables que les comédiens doivent relever. Les musiciens et le régisseur lumière accompagnent les comédiens et créent des ambiances sonores et visuelles afin de plonger le spectateur au coeur de l’histoire."

La belle équipe
Du côté de mon association d'improvisation la L.O.L.I.T.A ( Ligue Ouverte et Libre d'Improvisation Théâtrale Amateur) pour avoir l'honneur de participer à cet évènement tous les jouteurs de championnat peuvent postuler en écrivant un petit mail de motivation au Coach qui encadrera l'équipe. Pour ma part j'avais toujours eu envie de poser ma candidature, mais sachant que cela impliquait un entraînement intensif, le fait de devoir représenter le "beau jeu" à travers cette compétition, j'hésitais. J'ai parfois du mal apprécier le côté compétitif car je trouve qu'il brime trop souvent ce qui fait que l'improvisation est une discipline instinctive. Mais c'était un challenge que je voulais réaliser, car au bout de plusieurs années je sentais que je stagnais et que mon jeu restait linéaire, il me fallait donc booster tout ça pour continuer à évoluer et me remettre en question. J'ai failli postuler de nombreuses fois, mais je trouvais toujours une bonne excuse, je n'ai pas le niveau, il y a des filles meilleures que moi etc. Autant de raisons qu'aujourd'hui je regrette de m'être données, reculant malheureusement ma possibilité de découvrir ce dont j'étais capable. 
J'ai donc postulé sachant que cette année il y avait de grandes chances que je sois prise puisqu'il n'y avait que deux candidatures féminines et qu'il fallait deux filles dans l'équipe. Pourtant j'ai patienté devant mon téléphone avec la boule au ventre jusqu'au coup de fil libérateur. 
Débuta alors la valse des questions, est-ce que j'avais vraiment le niveau ? Est-ce que je ne serais pas le mouton noir de l'équipe ? Est-ce que nous réussirions à jouer ensemble et à montrer de belles choses ? 
Puis nous avons commencé à nous entraîner, je connaissais la majorité de mes équipiers pour avoir déjà joué avec eux. Mais cela ne garantissait pas la réussite. Petit à petit et au fur et à mesure des ateliers nous avons compris nos manières de jouer respectives, ce qui nous faisait rire lorsque  nous étions ensemble, nos codes communs etc. La veille de notre départ au dernier atelier, j'ai réalisé que nous avions construit une entité qui pouvait aller loin si nous ne nous fermions pas de portes là-bas !


Au moment de notre hymne à la salle de la Madeleine - Genève
C'est donc le coeur léger que nous sommes partis à Genève dans une camionnette de location, le voyage à été notre premier souvenir et dans les têtes de chacun j'imaginais bien que le stress côtoyait l'excitation. Car nous savions en même temps que notre premier match serait joué face aux Québécois. Qui connait un peu l'improvisation sait qu'il s'agit des pionniers en la matière. Puisque pour la plupart ils en font en activité scolaire dès leur plus jeune âge.
Arrivés à l'auberge nous avons rencontré les autres équipes, la Belgique tout d'abord puis une des Québécoises, l'Italie ensuite et enfin la Suisse. Découvrir de nouveaux improvisateurs est une chose tellement vivifiante, cela te donne à penser à ta propre façon de jouer, aux limites de ton jeu, à ce qu'il te manque et ce que tu aimes voir. Pour moi en plus qui suis une adepte du stress post-match, je constatais que le niveau était bien bien haut, mais après tout c'était un mondial non ?
Au début de chaque match il y avait un petit film de présentation des équipes, le public dans  le noir, les applaudissements, la musique à fond il n'en fallut pas plus pour me donner tous les soirs une poussée d'adrénaline dans tous mon corps. 
Alors lorsque le jour J du premier match arriva je vous laisse imaginer l'état d'angoisse, de bonheur, de stress et de plaisir qui cohabitaient en moi.





En plus des matchs purs et de la compétition il ne faut pas négliger que cette aventure se vit en équipe. Tu partages une chambre, non que dis-je une pièce à 6 durant 10 jours, ton quotidien c'est eux. VOUS devient un TU car tu partages ce stress, cette excitation chaque jour et eux seuls peuvent finalement savoir ce que tu vis, tu as l'impression d'être dans une colonie de vacances pour adultes. Mais il y a aussi cet aspect compétition, bien que cela ne soit pas du niveau des Jeux Olympiques, tout le monde a envie, souhaite repartir avec le José (la coupe du mondial se prénomme ainsi, si si) et mine de rien cela reste un Mondial ! Au bout de quelques jours lorsque toutes les équipes avaient déjà montré ce qu'elles valaient sur scène et face aux autres, j'avais l'impression d'être dans Secret Story; Je ne savais plus si les gens me parlaient avec sincérité ou pour avoir ma cagnotte. Pourtant si nous avons été autant apprécié en tant qu'équipe et personnes, c'est sans aucun doute parce que nous avons su rester nous-même sans être dans une quelconque stratégie d'attaque. Cela nous a permis d'accéder à la finale face au Québec dans un théâtre de 1350 places !!!!
Le trophée: Le José

Aujourd'hui encore je ne réalise toujours pas, parfois je me dis que je n'en ai pas assez profité, que j'aurais du faire ci ou ça, que si j'avais dit ça peut-être que nous aurions eu le point qui nous a manqué pour la victoire etc. 
En même temps je peux fermer les yeux et me dire "je l'ai fait". Car c'est ça qui compte, c'est le moteur, mon moteur, LE PLAISIR, sentir que tes gestes, tes attitudes, tes personnages, tes répliques vont surprendre le public, le faire rire, ou l'émouvoir. Si tu montes sur la scène pour faire rire sans te préoccuper de partager tes idées, tes émotions avec ton partenaire tu ne construiras jamais rien de beau et ton impro ne prendra pas. Car oui le public aime ça rigoler, mais il aime aussi être éduqué et voir autre chose, savoir faire rire c'est simple, pouvoir susciter la surprise, l'émotion là c'est le talent ! 
Encore une fois je suis heureuse d'avoir eu tort, je croyais que ne serais pas à la hauteur, que je n'étais pas prête, qu'il y avait forcément meilleure que moi pour être à cette place etc. Autant de fausses excuses pour ne pas sauter dans le vide les yeux bandés, car OUI je me suis trompée, je suis plus forte que ça et bien sûr que j'ai assuré il suffisait de lâcher prise. 
Cette expérience de la scène restera sans conteste une des plus belles à mes yeux, et ces sentiments lorsque tu poses le pied sur les planches et que tu ne sais pas qui tu vas être ce soir, c'est indescriptible...


Le soir de la finale lors d'une impro avec Roberto Sierra l'inventeur même du mondial et membre de l'équipe du Québec


Merci à mon équipe, Margaux, Cédric, Julien, Hugo et notre coach de folie Dan ! à l'année prochaine ;-)

  





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