l'art de souffrir en silence

Soyons honnêtes, il y a encore quelques mois l'idée de faire une note de blog sur le sport me semblait aussi réaliste que d'en écrire une sur un gain de 1 000 000 d'euros au loto. Je ne sais si 2014 opère de sa magie ou si arrivé à mon âge (vous pouvez toujours rêver pour que je le dévoile) je suis dans une phase "aime ton corps et il t'aimera".

Pour moi depuis toujours le sport est  synonyme de "souffrance", j'entendais les grands sportifs à la télé dire qu'elle faisait partie du challenge, ma mère revenir en sueur de ses cours en salle et dire "oulà c'était difficile, mais qu'est-ce que c'était bon" (non cette phrase n'à aucun double sens, merci) du coup petit à petit, une notion de douleur obligatoire dans le sport s'est insinuée dans ma perception des choses. Et comme j'évite un max la douleur je ne comprenais pas l'intérêt, de plus je trouvais ça "étrange" de devoir souffrir pour ensuite être bien, sommes nous masos à ce point, ou tellement désabusés qu'il nous faille souffrir pour nous rendre compte de ce qui est bon, bien ? 
Du coup j'ai évité durant TRES TRES longtemps le moindre effort qui s'accompagnait d'une tenue à base de baskets. J'ai mis quelques coups de cutters dans cette règle de vie quand pour entrer dans la norme je me suis inscrite dans une salle de sport pour "tester", mais ma motivation proche du niveau zéro pour me lever et sentir mon corps me crier "what the fuck ???" m'a bien vite découragé. J'étais même la première à me moquer gentiment de mes amies qui faisaient du footing et qui payaient un rein pour aller transpirer en communauté dans des salles consacrées à la douleur. 
MAIS UN JOUR...un jour après mes 30 ans (c'est un indice mais je n'en dirais pas plus), j'ai dû me rendre à l'évidence, j'avais encore le temps, certes, mais mon corps se dirigeait indubitablement plus vers la pente descendante qu'ascendante et si je ne voulais  pas m'enrouler de cellophane tous les matins ou être obligée de vivre dans le noir il FALLAIT que je me prenne en main. Cette idée m'a tout d'abord effrayée, je me reniais ? Moi aussi j'allais donc être de ces filles qui sautillent sur place en agitant les bras. Devrais-je devenir végétarienne ? Est-ce qu'il fallait que j'arrête aussi de fumer ? N'aurais-je plus le droit de boire un verre de vin rouge de temps en temps ? Est-ce que j'allais supporter la douleur ? 
J'ai bien essayé à nouveau seule, en m'inscrivant dans une ces salles ouvertes 24/24 mais l'inhumanité qui y règne et le cliché de la poulette qui fait du sport en leggings, maquillée et coiffée quand toi tu sues comme un porc et que tu portes le t-shirt de ton mec avec comme inscription "je suis assis à côté d'un con" à rendu tout cela trop GROS à gérer. C'était sans compter la fée marraine qu'une divinité m'a envoyé pour me dire "accroche-toi bb, toi aussi tu peux devenir une fille saine".
Comment ne pas vouloir au moins essayer, quand tu peux profiter d'une coach RIEN QUE POUR TOI, qui ne regarde que toi et qui sait te pousser à bout, même lorsque tu hurles stoppppp, pitié.
J'ai lutté, puis me suis laissée séduire comme une jeune vierge pressée de passer le cap, par le challenge (OMG), par cette pute d'endorphine qui te fait ressembler à une chèvre dévalant les montagnes un matin d'été, après ta séance de torture. 
CAR OUI, OUI JE FAIS DU SPORT, mais je suis restée moi; c'est toujours difficile, ça fait mal et je n'y prends pas de plaisir sur le moment, oui je râle, je pleure, je grimace lorsque 30 secondes me paraissent 10 000 ans. Oui je cours en pensant toutes les minutes que mon coeur va sortir de ma poitrine ou en réalisant que je pourrais être au fond de mon lit ou en train de boire mon café en bouquinant. OUI JE FAIS du sport et je dois avouer, J'AIME CA !!! Enfin non, j'aime me dire que je suis capable, capable de courir 20, puis 30 puis 40mn sans décéder en chemin, que je peux être régulière et assidue au moins une fois dans un domaine de ma vie, que je peux aimer filer à la douche après et sentir mon corps qui se tonifie au fil des séances, que je peux sentir par petites touches que je suis moins essoufflée, moins terne, que j'aime à nouveau un peu plus parader en jupe courte. Je ne suis pas devenue une addict et ne le serai JAMAIS, je suis une sportive en carton, mais j'aime avoir eu tort durant toutes ces années. Je ne suis pas devenue végétarienne, je fume toujours, oui ça fait mal et non je ne porte pas de leggings et aborde fièrement le cheveux gras en chignon de traviole pour mes séances. 
OUI JE FAIS DU SPORT ET JE SUIS UNE FEIGNASSE ;-)

Voilà pourquoi je ne pouvais pas passer à côté de l'opportunité de vous présenter celle qui oeuvre dans l'ombre et résiste à mes supplications. 

La suite... au prochain épisode.

Commentaires

  1. juste fan!! de toi, de tes écrits..MERCI

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  2. Merci encore pour ces très jolis mots.
    Moi je suis une feignasse qui ne fait pas de sport...lol

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    1. La feignasse est multiple c'est en ça qu'elle est géniale ;-)

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